J’ai vu The Suicide Squad de James Gunn (2021)

Comme vous aviez pu le remarquer j’ai franchement détesté le Suicide Squadprécédent (celui de 2016 par David Ayer dont vous pouvez retrouver la critique ici https://tassadanslesmyriades.fr/?p=244) pour plusieurs raisons :

1° La première, tout était moche, les couleurs, la mise en scène, le choix des personnages, les dialogues.

2° La seconde, le choix de faire de The Suicide Squad un film moralisateur, avec les figures du « Père », de la repentance, de la victimisation des femmes « glamourisée » et rendue presque romantique, si j’ose dire

3° La troisième, un scénario incohérent

Le remake de The Suicide Squad était donc fortement attendu au tournant puisqu’il fut tout de même significativement un échec de la production. Rendu aux mains de James Gunn pour la maison DC Entertainement de Warner Bros, le film met en scène une toute nouvelle équipe avec en tête, le retour de Margot Robbie et les nouveaux Idris Elba ou John Cena.

Le réalisateur des génialissimes Gardiens de la Galaxie fait table rase du passé et nous met immédiatement dans le ton en proposant dès les premières scènes bains de sang et situations des plus gores qui soient. Au départ, j’étais dubitative, même si au bout de dix minutes j’ai vite compris le postulat esthétique qui ne ressemble en rien aux Gardiens de la Galaxie.

Le film ne va certes pas à contre-courant de ce qui existe déjà aujourd’hui parmi les longs métrages sur des « super-vilains », pourtant, James Gunn reprend à son compte tous les codes d’une mise en scène cartoonesque, décalée, à la lisière de l’absurde. Le retournement de situation principal du film est très prévisible mais il est amené d’une manière originale qui invite à reconsidérer les clés du blockbuster à la sauce « super-méchants VS le reste du monde ».

Là où les personnages du premier volet de Suicide Squad en 2016 se retrouvaient prisonniers de la morale américaine conservatrice et puritaine, lisse et patriarcale, le film de James Gunn est un pamphlet anti-gouvernemental qui place le film au cœur d’une actualité brûlante. Il n’y a guère plus de morale ici, plus de père de famille exemplaire, plus de femme soumise à la perversité des hommes, James Gunn inverse tout et nous brutalise pour notre plus grand bien. Ainsi, il nous offre une galerie de personnages inventifs, du requin (dont la voix est celle de Sylvester Stallone) en passant par l’homme qui lance des pastilles de couleurs et à la jeune fille qui parle aux rats, tout semble voué à l’échec sur grand écran, alors qu’en fait non, chaque personnage s’insère parfaitement dans un scénario rythmé et intelligent.

D’ailleurs, les scènes d’introduction présentant chacun des protagonistes ressemblent fortement à des pieds de nez faits au premier film de David Ayer, lorsqu’Idris Elba hurle contre sa fille dans le parloir de la prison, quand au lieu de l’image du père, c’est l’image de la mère castratrice qui est moquée, ou quand le colonel Rick Flag est présenté comme un véritable acolyte de la bande de vilains et non plus comme le bras armé, représentant officiel de l’US Armed Force. Sans spoiler, Margot Robbie est toujours aussi fascinante dans ce film où elle en impose plus encore que dans le premier film où elle jouait la potiche d’un Joker cosmétique.

Dans ce métrage-ci, rien de cosmétique, mais une esthétique puissante, colorée, vrai hommage à l’affiche d’origine et aux comics américains, tarantinesque par certains aspects. Pour ceux et celles qui auraient du mal avec le gore, comme moi, j’y suis allée à reculons en pensant détester, mais j’ai été surprise par la diversité et les propositions décalées et absurdes. Au lieu de « sexualiser » des personnages comme Margot Robbie, ou de cadrer sur des armes telles que des appendices proéminents, James Gunn choisit de resserrer l’image sur des visages, des intentions. Et chaque moment va au bout de ses intentions justement, même dans la sauvagerie et la cruauté.

On pourra voir dans ce film un kitsch patent et un humour lourd et indélicat, pourtant, en permettant à des personnages coincés comme Joel Kinnaman ou même à Viola Davis de s’éclater et de sortir de son rôle stéréotypé, en autorisant des acteurs comme John Cena ou Sylvester Stallone à se moquer cordialement des films d’action testostéronés, James Gunn réussit un pari qui démarre difficilement mais termine sur les chapeaux de roue.

The Suicide Squad version Gunn, version 2021, vise juste, avec une bonne direction d’acteurs et d’actrices et un humour décapant qui s’accorde très bien à ce blockbuster. Visuellement, James Gunn ne nous laisse pas sur notre faim avec des moments qui ont dû nécessiter beaucoup de moyens et d’ingénierie.

Ce que j’apprécie chez James Gunn c’est la palette d’êtres qu’il nous livre : des êtres délirants (comme le Weasel ou le requin) et des êtres qui n’entrent pas dans la norme.

Point de mièvrerie, point de rédemption, les vilains restent des « motherfuckers » et d’ailleurs les « fuck » ne sont pas censurés, ce qui fait du bien. Le gouvernement américain est raillé jusqu’à devenir une sorte de « The Office » de l’espionnage, Big Brother est malmené jusqu’au bout dans son hypocrisie et son aveuglement (vous saurez vite repérer l’oeil), et lorsqu’on a l’impression au cours du film de comprendre comment cela va se passer, l’absurde finit toujours par prendre le dessus avec maestria.

En somme, un excellent divertissement.

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Signé Tassa


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