La Nuit au Musée, 2006 [Critique de film]

La Nuit au Musée illumine nos cœurs d’un émerveillement et d’une joie contagieuse tout en cachant un sous-texte riche en significations. C’est un de ces films enfantins qui a su me parler et que je regarde de nouveau assez souvent. Ce film est réalisé par le talentueux Shawn Levy (enfin, en termes de films de grand divertissement tout public), même si pour moi, ce film est bien plus qu’un simple divertissement familial (oula, je m’avance un peu). Il explore habilement des thèmes profonds à travers ses personnages, son histoire et sa métaphore sur les États-Unis.

Shawn Levy est un réalisateur reconnu pour ses films familiaux divertissants et captivants. Parmi ses autres réalisations, on peut citer La Nuit au Musée 2 (2009), génial, bon c’est la suite quoi…, où Larry Daley (interprété par Ben Stiller) revient dans une nouvelle aventure délirante, et Real Steel (2011), un film de science-fiction émouvant mettant en scène des robots de combat. Avec La Nuit au Musée, Levy réussit à capturer l’attention de toute la famille en mêlant habilement humour, magie et réflexions sur l’identité personnelle. Ces deux films ont été très bien accueillis par le public et continuent d’être appréciés par de nombreux spectateurs et spectatrices, comme moi.

Acteurs cultes

Dans cette histoire, on trouve le personnage de Ben Stiller, Larry Daley, qui interprète une fois de plus le « looser sympathique » qu’il maîtrise si bien, même si ce n’est jamais péjoratif. Il fait partie des humoristes qui font le plein grâce à leur étonnante « banalité comique », comme on peut voir chez Will Ferrell, entre autres. Cette caractérisation n’est pas anodine, car elle reflète une facette de l’Amérique moderne. Larry est un homme ordinaire, perdu dans sa vie et à la recherche d’une place à travers laquelle il peut se réaliser. Son emploi de gardien de nuit au musée devient une métaphore de son propre cheminement personnel, sa vie est un échec : un divorce, la perte d’un emploi, un enfant qui ne l’admire plus tant que cela… Tout comme le musée, qui abrite des trésors oubliés et poussiéreux, Larry est en quête de sens et de reconnaissance dans une société en constante évolution. Larry court lui-même derrière son ombre, ringarde et désuète, comme l’image du musée qui va l’accueillir.

En parlant de Ben Stiller, ce talentueux acteur apporte une énergie unique à ses rôles comiques. Dans La Nuit au Musée, plus naïf sûrement, moins subversif que ses autres longs métrages, il incarne donc avec brio le personnage de Larry Daley, homme lambda qui se retrouve plongé dans une aventure extraordinaire en devenant gardien de nuit du musée. Comparé à certains autres rôles de Ben Stiller, tels que dans Mon Beau-Père et Moi, Mary à Tout Prix, ou La vie rêvée de Walter Mitty (j’en ai parlé ici), son personnage de Larry Daley est tout aussi attachant et démontre une évolution touchante tout au long du film. ll est l’incarnation du middle-age man, toujours dans l’échec (le fail), ou en tout cas dans la maladresse, mais dont la vie prend un tournant rocambolesque des plus surprenants. Eh oui, l’Amérique valorise la sincérité et la bonté de cœur, valeurs toutes chrétiennes.

Au cœur du musée, le film regorge également d’acteurs renommés qui prêtent leurs talents à des personnages historiques animés. Robin Williams incarne le charismatique et amusant président Theodore Roosevelt, toujours partant pour aider et filer ses précieuses maximes philosophiques. Il s’agit d’un de ses derniers rôles, donc c’est tout particulièrement émouvant de le voir là, jouant un rôle de « monsieur prof » comme dans Le cercle des poètes disparus. Il y a aussi Owen Wilson, acteur comique, qui donne vie au farouche cowboy Jedediah Smith, et Steve Coogan campant le courageux centurion romain Octavius. Ces comédiens chevronnés ajoutent une dimension supplémentaire au film en rendant les interactions entre les personnages aussi divertissantes que mémorables, par les fréquentes références historiques. On appréciera notamment le parallèle du scénariste entre la ruée vers l’or, la migration vers l’ouest (avec l’arrivée des immigrés européens en Europe lors de la création de l’ « Amérique ») comparées à la chute de l’Empire romain. Offrant de petites scénettes hilarantes, on comprend que le peu d’épaisseur historique américaine n’empêche pas les Américains de considérer leur propre passé et leur propre « modernité » comme peut-être meilleure, sinon supérieure à l’écroulement d’une Rome antique dépassée. Leur réconciliation finale est en fait la métaphore de l’entente cordiale entre « Nouveau Monde » et Vieux Continent, qui prendra plus de sens encore dans La Nuit au Musée 2 avec l’apparition furtive d’Alain Chabat baragouinant son français en mode Napoléon Bonaparte vénère.

Le directeur du musée, joué par l’excellent et fringant Ricky Gervais, représente l’autorité figée dans ses convictions et fermée au changement. Son personnage incarne la résistance face à l’évolution et à l’adaptation, symbolisant ainsi les forces conservatrices qui cherchent à maintenir le statu quo. Son refus initial de soutenir Larry dans sa mission de révolutionner le musée reflète la résistance que rencontrent souvent les idées novatrices et les changements progressistes dans la société. Ricky Gervais, l’un des comiques les plus en vue du Royaume-Uni, est bien connu pour son travail sur la série The Office, qui a donné naissance à un sequel célèbre avec Steve Carell. Son rôle dans La Nuit au Musée apporte une touche de réalisme comique et de sarcasme, renforçant ainsi le message sous-jacent du film sur les défis auxquels les individus doivent faire face pour s’épanouir et évoluer dans un monde en perpétuelle mutation. Le Britannique poussiéreux qui ne semble jamais pouvoir terminer ses phrases (gimmick absolument drôlissime !) vient se disputer à la constante course à la modernité américaine. Le rôle de Steve Coogan, lui aussi acteur britannique, est un autre clin d’œil au déclin présumé de la vieille Europe.

Des personnages stéréotypés de l’Histoire

À travers cette joyeuse cacophonie de personnages, La Nuit au Musée parvient à souligner des questions profondes sur l’identité nationale américaine. Quelques-unes des figures de l’histoire sont maltraitées (certaines ethnies anciennes, comme les Huns menés par Attila), ou traitées de façon à n’entrevoir qu’un pan restreint de la réalité (l’indienne Sacagawea, par exemple, muette, silencieuse, tombant sous le charme de Roosevelt). C’est le propre du cinéma de ce genre que de produire des stéréotypes figés, plutôt lissés, voire carrément péjoratifs. La métaphore du musée, un lieu autrefois vibrant d’histoires et de souvenirs, mais devenu poussiéreux et oublié, reflète une Amérique en quête de ses racines et de son héritage. Larry Daley, en devenant gardien de nuit, joue le rôle du gardien de l’histoire nationale, rappelant ainsi la nécessité de préserver et de redécouvrir l’histoire américaine pour mieux se comprendre et évoluer en tant que société. On peut même dire qu’il choisit de conserver à la fois les figures précieuses du musée et d’y intégrer sa propre personne, le gardien, figure tutélaire et essentielle de la vie sur Terre. Ah c’est que l’Amérique ne se prend jamais pour une moins que rien.

Le film partage également certaines similitudes avec d’autres productions du genre familial. On pourrait le comparer à Jumanji, réalisé par Joe Johnston en 1994 puis par Jake Kasdan (en 2017), qui explore l’idée de personnages émergeant d’un jeu de société pour semer le chaos dans le monde réel. De plus, La Nuit au Musée rappelle toute cette nouvelle vague de comédies d’aventure avec The Rock (j’en parle ici), ou bien Zookeeper : Le Héros des animaux de Niki Caro sorti en 2017. Des films qui n’ont pas l’ambition de révolutionner le cinéma, juste l’envie de divertir, et qui rencontrent simplement un franc succès (si bien que La Nuit au Musée a eu 2 suites).

Les suites corrigent en partie les défauts du premier (le manque criant de représentation féminine), et apportent de nouvelles guest-stars, toutefois en s’enlisant dans la même dynamique et la répétition thématique, ce qui a fini par lasser les spectateurs et spectatrices, qui connaissent déjà le premier volet.

À voir !

Parce qu’en fait, La Nuit au Musée captive les cœurs des spectateurs tout en véhiculant des messages puissants sur l’identité, le changement et l’acceptation, ce que les enfants arrivent à comprendre sans problème. Porté par des performances talentueuses de Ben Stiller, Robin Williams, Owen Wilson et Steve Coogan, ce film nous invite à réfléchir sur notre propre quête d’identité, tout en nous divertissant avec un mélange magique d’humour et d’aventure. Cela peut réconcilier les spectateurices avec l’idée même de musée (parce que moi aussi, même en tant que prof d’histoire, j’ai du mal!). N’hésitez pas à inviter toute la famille pour ce voyage plein de surprises.

Et vous, quel film (pas dessin animé) pour enfants, aimez-vous regarder particulièrement ?

Signé Tassa


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