Twilight, le teen movie culte des années 2000 [cinéma]

J’ai exécuté le défi que je m’étais donné auprès des abonné-es des réseaux sociaux : regarder tous les films de la saga Twilight. Bonne ou mauvaise idée ? Deux ou trois personnes m’ont dissuadée de le faire. Retour sur le premier chapitre.

Twilight Chapitre I – Fascination est l’adaptation cinématographique par Catherine Hardwicke, du seul roman que j’ai lu de cette saga fantastique et vampirique écrite par Stephanie Meyer. Le film est sorti en 2008, ce qui en fait un symbole iconique pour la plupart des adolescents et adolescentes du début du deuxième millénaire. 

Résumé : Isabella Swan, 17 ans, déménage à Forks, petite ville pluvieuse dans l’État de Washington, pour vivre avec son père. Elle s’attend à ce que sa nouvelle vie soit aussi ennuyeuse que la ville elle-même. Or, au lycée, elle est terriblement intriguée par le comportement d’une étrange fratrie, deux filles et trois garçons. Bella tombe follement amoureuse de l’un d’eux, Edward Cullen. Une relation sensuelle et dangereuse commence alors entre les deux jeunes gens : lorsque Isabella comprend qu’Edward est un vampire, il est déjà trop tard. (source : Sens critique).

Je vous livre mon avis sur ce film :


Twilight et sa brillante distribution

Le casting est assez impressionnant, il faut le signaler, puisqu’on y trouve Kristen Stewart, Robert Pattinson, Taylor Lautner, Sarah Clarke, Billy Burke et compagnie. Kristen Stewart est une actrice très prolifique. En 2008, elle avait déjà tourné, en tant qu’enfant-star et tête d’affiche, plus de dix-huit films, dont certains que j’ai beaucoup appréciés : Panic Room avec Jodie Foster, Speak (un excellent film sur le viol), The Messengers un film d’horreur des Pang Brothers, produit par Sam Raimi, The Yellow Handkerchief, ainsi queJumper avec Hayden Christensen et le très réussi Into the Wild de Sean Penn.

Alors pas encore tout à fait majeure aux États-Unis en 2008, elle entame le tournage de Twilight avec le très sculptural Robert Pattinson. Je n’étais pas auparavant réceptive à son charme, mais j’ai vite revu mon avis sur son sujet, à la vue de sa très belle filmographie. Avant Twilight il n’était pas encore très connu, malgré son passage furtif dans la saga du sorcier à la cicatrice-éclair et dans une comédie dramatique indépendante : How to Be d’Oliver Irving, Harry Potter et la Coupe de Feu de Mike Newell. Aujourd’hui, ses choix artistiques, comme pour Kristen Stewart, sont très intéressants. On le voit ainsi dans Bel Ami en 2012 de Declan Donnellan et Nick Ormerod, dans Cosmopolis et Maps to the stars de David Cronenberg, ou encore dans The Lost City of Z de James Gray et dans The Lighthouse de Robert Eggers. Récemment, il est passé maître ès blockbusters avec Tenet de Christopher Nolan et The Batman de Matt Reeves.

Cependant, en dépit d’une distribution quatre étoiles, Billy Burke jouant le père de Bella Swan est à l’étroit, bien que son interprétation soit très juste. De même pour Anna Kendrick, dans le rôle de la meilleure amie, croisée dans d’excellents films comme Rocket Science en 2007 et plus tard dans Up in the Air de Jason Reitman en 2009, Scott Pilgrim vs. the World d’Edgar Wright en 2010 puis Pitch Perfect. Chaque acteur et actrice est parfait dans le rôle des personnages simplistes dépeints par Stephanie Meyer. Car on n’est pas loin des stéréotypes de genre, propres au roman de vampire et à la romance : les parents divorcés, la virilité incarnée par Taylor Lautner (le loup garou), le romantisme incarné par Robert Pattinson (le vampire), les deux meilleurs amis dont Michael Welch jouant Mike Newton, mis directement dans la friend zone, et puis les antagonistes très clichés et surtout très nombreux dans le film.

Bella/Kristen versus le reste du monde

Dans le film, Bella est l’archétype de l’adolescente dans une romance. Elle arrive ainsi dans une bourgade qu’elle ne connaît pas, ses parents sont séparés, elle ne le vit pas si bien que cela. Se sentant à la fois étrangère à sa propre famille et à sa propre ville d’origine, elle finit par entrer dans un lycée où tout le monde lui est inconnu. Viennent alors les mêmes problèmes qu’une ado peut rencontrer : l’image de soi, la confiance en soi, les apparences, plaire… Le début du film ressemble beaucoup à tous ces excellents teen movies qu’on a vu fleurir dans les années 2000 (10 Things I hate About You en 1999 avec Julia Stiles et Heath Ledger, Lolita Malgré moi en 2004 avec Lindsay Lohan, Junoen 2007 de Jason Reitman, Jennifer’s Body en 2009, ou même les Harry Potter).

Sa lutte interne passe par une incarnation physique atone, mais torturée, un choix de l’actrice qui n’est pas sans rappeler la transformation physique que Robert Pattinson a dû subir pour devenir un vampire (ascèse, silence, isolement et solitude complète avant le tournage). Bella/Kristen est seule à comprendre que ce qui l’entoure n’est pas ce que les autres voient. C’est l’attitude typique d’une adolescente qui se croit seule face à ses problèmes pourtant bien universels.

En luttant seule, Bella/Kristen est écartelée entre la figure paternelle qui la surprotège, l’attirance qu’elle a pour Edward Cullen, l’intérêt candide qu’elle porte à ses amis et le regard mystérieux de Jacob Black. Elle est une telle représentation de l’adolescente normale que sa personnalité est quasi absente du film, comme une coquille vide, sans relief, tant et si bien qu’elle admire des caractères qui lui sont opposés et qui détonnent, dont Alice Cullen, la sœur vampire visionnaire.

Un parti pris visuel

Le film est loin d’être plat. Catherine Hardwicke, réalisatrice de films sur les ados (Thirteen en 2003 et Les Seigneurs de Dogtownen 2006), a aussi donné dans le mystique avec La Nativité sur le Nouveau Testament. Le problème de Twilight est d’ailleurs son côté trop biblique et trop chaste, dans un film de vampire qui aurait dû se teinter d’un érotisme plus figuratif. On ne manquera pas de remarquer le respect scrupuleux qu’Hardwicke porte à la figure protectrice du père (autant chez Billy Burke que chez Gil Birmingham qui joue le père de Jacob Black, et aussi chez Peter Facinelli, jouant le père de la famille de vampires).

Visuellement, la cinéaste a tenté quelque chose. Dotée d’un budget assez bas, qu’on pourrait qualifier de budget de film indépendant (37 000 000 de dollars qui auront quadruplé lors du dernier film de la saga), elle a travaillé avec une image ultra-colorisée, dans les tons froids, entre le vert et le bleu. Ce parti pris visuel peut vite ennuyer à l’écran, pourtant, c’est un choix qui se justifie amplement, car il amplifie la pâleur des vampires et de Bella Swan. Mais cela a rendu difficile le traitement des parties lumineuses, les deux acteurs principaux ayant dû rester sous de gros projecteurs imitant les rayons du soleil pendant de longues minutes.

Il subsiste quelques curiosités, probablement liées au budget serré et aux contraintes du tournage. En effet, on ne peut pas situer exactement le film, entre l’intimisme d’une romance pour ados et les scènes d’action d’un blockbuster. Entre ces deux choix, le côté vampirique est sacrifié. La sensualité passe pour de la sensiblerie et la moiteur intense ressentie, par la colorimétrie et les mordillements intempestifs de lèvres de Kristen Stewart, passe pour de la mièvrerie de premier choix. On peut donc noter que Catherine Hardwicke choisit de filmer de manière très classique en plans serrés sur les visages, ce qui magnifie les visages assez sublimes de Pattinson et Stewart, malheureusement coincés dans un frigidaire cinématographique.

Il est donc vraiment dommage que ce parti pris visuel soit endormi (tué !) par la bêtise du scénario adapté du roman. Le film pâtit de la lourdeur des scènes où les « méchants » agissent « comme des bêtes ». Ce manichéisme ambiant dessert le sujet du film, basé sur l’histoire d’amour et l’intrigue vampirique. Même l’aspect monstrueux, pourtant bien traité, est balayé d’un revers de la manche. Reste la très belle étrangeté assumée des mouvements des vampires (les acteurs étaient tractés par des câbles invisibles) et de leurs comportements en société.

Des incohérences dans le scénario

Ce qui manque dans le film était écrit dans le livre… Quelques détails cruciaux viennent ainsi échapper aux spectateurs peu avisés : on ne sait pas très bien pourquoi les Cullen continuent d’aller au lycée chaque année depuis des décennies ; on nous en dit trop peu sur l’histoire de cette famille de vampires ; et on ne sait pas réellement quelle motivation guide Bella Swan, autre que cette attirance maladive. On peut dire que les personnages manquent d’épaisseur. Certains passages dramatiques sont traités avec trop de légèreté dans le pathos et l’on ne sait pas très bien ce qui motive les « méchants » vampires à tuer et à s’en prendre à la famille d’Edward Cullen.

Ce qui faisait le charme, très cinématographique, de Twilight Chapitre I, objet de fascination visuelle, disparaît totalement dans le Chapitre 2, un peu plus réussi, et réalisé par Chris Weitz (réalisateur d’American Pie en 1999 et du très raté A la croisée des mondes : La Boussole d’or en 2007).

En conclusion, si le film étonne par les choix artistiques de la réalisatrice, il déçoit par la découpe bâclée du scénario par Melissa Rosenberg (dont la filmographie se limite à Sexy Dance et à quelques épisodes de séries TV). La thématique de l’intrigue amoureuse bride le jeu de Robert Pattinson et des rôles secondaires, prisonniers d’un académisme formel lié encore une fois aux choix scénaristiques. En sortant un peu du roman, Catherine Hardwicke aurait pu faire de ce long métrage un objet filmique culte. Mais il n’en est rien, puisqu’en s’acharnant à respecter les valeurs de la saga livresque, l’adaptation perd de son intérêt et de sa portée symbolique.

Critique de Twilight Chapitre II Tentation, bientôt…

Signé Tassa


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