Quand Thor va mal, chronique de Thor 2, 3 et 4 [cinéma]

Bonjour ! Cette fois-ci, après avoir décrypté Thor 1 puis la plupart des Marvel ici, je vous parle de ceux que je n’avais pas encore vus, Thor 2, Thor 3 et Thor 4.

Thor le monde des ténèbres

Tous les Thor du monde

Thor 2 a été réalisé par Alan Taylor en 2013. Habitué à des séries comme Game of Thrones,ce dernier se place dans la droite lignée du Thor 1 de Kenneth Branagh. De facture très classique, voire noyé par son académisme, Thor : Le monde des Ténèbres, commence par des scènes un peu ridicules, qui mettent en avant la grande capacité d’auto-dérision de la MCU, maison mère des Marvels, vis-à-vis de ses super-héros. On nous avait habitué à l’équipe du docteure Jane Foster, Alan Taylor ne change donc pas une équipe qui gagne. On retrouve ainsi avec grand plaisir, la figure du frère Loki, le gardien de la porte, et un elfe noir satanique appelé Malekith. 

Du Thor bien viril

Trop classique donc, ce film paraît vouloir se revêtir du sérieux que n’avait pas assez dans le premier Thor. Il arbore ainsi quelques scènes de dialogues et de combats ridicules (dans les premières minutes), tandis que par moment le film brille par la grande maîtrise d’Alan Taylor pour les effets spéciaux. L’univers d’Asgard, clinquant et coloré s’oppose à celui, sombre et dépouillé de l’elfe noir. Sur le même schéma que le premier Thor, mettant face à face les deux frères asgardiens, cette fois Loki est fait prisonnier et Thor promis au trône royal, ce qu’il refusera pourtant. Le film joue constamment la carte du retour à la Terre, mais les personnages secondaires, ici un peu plus fous (on retiendra Skarsgard à poil) et plus sympathiques, peinent tout de même à convaincre que le jeu en vaut la chandelle. Et c’est encore une fois Loki qui tire son épingle du jeu.

Ragnarok : le bien nommé

Thor Ragnarok

Après 2013, et l’échec critique de Thor : Le monde des Ténèbres, la firme Marvel Studios décida de mettre le paquet en invoquant la patte artistique d’un visionnaire, Taika Waititi, à qui l’on devait Jojo Rabbit, Boy et Vampires en toute intimité. Le film Thor : Ragnarok dure cette fois 2 h 10 min. Sorti en 2017, Thor sort du cadre fantastique pour s’ancrer plus littéralement dans la fantasy old school

Car c’est en effet avec grande surprise et peut-être avec un plaisir mêlé de quelques moments gênants, que j’ai pu retrouver un Thor et sa toute nouvelle équipée sauvage, revisitée, dans un monde aussi fantaisiste que dans Le Cinquième Élément de Luc Besson (culte !) ou proche des Star Wars récents. Dans cet opus, Taika Waititi fait table rase du passé. Le père Odin meurt, Loki et Thor forment un duo de choc, cette fois plus étoffé que dans les précédents films. Du reste, les propositions visuels du cinéaste sur du Led Zeppelin sont bien différentes de celles de Kenneth Branagh et d’Alan Taylor, tous les deux plus sages et plus traditionnels. 

Je ne vais donc pas tourner autour du pot mais, si je n’avais pas vu les épisodes 1 et 2 et que je découvrais soudainement l’univers de Thor par les épisodes 3 et 4, j’aurais pleinement adoré les versions de Taika Waititi. Ce dernier s’inspire du côté opéra rock ou cyberpunk du cinéma et lorgne tendrement vers les visuels délirants déjà adoptés dans Les Gardiens de la Galaxie de James Gunn. Une vague de fraîcheur donc. 

On retrouve ainsi Chris Hemsworth avec une armure revue et corrigée, et même sa voix et sa posture sont différentes. Tom Hiddleston a enfin un rôle à sa valeur, autre que celui d’un gamin frustré, même si c’est Cate Blanchett qui surprend le plus. Je n’ai d’ailleurs pas su au départ si c’était trop ridicule ou trop forcé pour elle d’apparaître dans l’incarnation féminine de la Mort, pourtant on sent à quel point elle a dû s’amuser de ses grimaces et de son rôle de méchante absolue. Dans Thor 3, les effets spéciaux sont absolument magnifiques, et les décors originaux nous emmènent sur d’autres planètes dont celle où Thor rencontre enfin sa future équipe « comme les Gardiens de la Galaxie ». Il est rejoint par l’affreux Hulk, Mark Ruffalo, toujours assez juste dans son rôle. Pour le reste, le casting est formidable avec Tessa Thompson, Idris Elba, Jeff Goldblum et Karl Urban. Un côté jouissif.

À noter qu’à chaque épisode, Thor perd un attribut. Ici, il est retenu prisonnier à l’autre bout de l’univers sans son puissant marteau rouge et son arme favorite. C’est donc accompagné d’une équipée sauvage qu’il part réduire sa sœur Hela en poussière. Je ne sais pas pourquoi mais l’on sent que Taika Waititi connaît mieux l’univers Marvel que ses prédécesseurs. Il se permet ainsi un grand nombre de clins d’œil et de passerelles intéressantes entre deux punchlines, qu’on aimerait voir développés dans d’autres films. C’est la force des références visuelles et des dialogues un peu drôles qui font de ce Thor : Ragnarok, le meilleur Thor que j’ai vu jusque là. Cependant, je comprends qu’il ait déçu la moitié du public qui s’attendait à la noirceur du 2 et qui se retrouve avec, à l’inverse, un univers survitaminé. Taika Waititi donne un nouveau départ à Thor, et une nouvelle empreinte artistique qu’il n’avait pas auparavant. Même les acteurs semblent enfin croire en ce qu’ils disent et apprécier d’être présents sur le tournage. 

Quand Thor s’emmêle et devient l’ombre de lui-même

Thor : Love and Thunder

Face au succès du précédent film, Taika Waititi a rempilé pour 1 h 59 min de long métrage en 2022. Ses choix artistiques dans Thor : Love and Thunder sont bien plus assumés et poussés à leur paroxysme. Cet épisode n’a pas cessé de me surprendre. Chris Hemsworth a encore changé d’allure, plus efféminée. Il lance ainsi une vanne toutes les trente secondes. Plus vite que son ombre. Surfant sur les réussites des premiers crossovers Avengers, il tape la discussion avec Chris Pratt, Groot et les autres. Mais le plus surprenant reste le retour de Natalie Portman, qui avait pourtant annoncé que Thor avait été, avec Star Wars, l’un de ses pires rôles au cinéma. Convaincue par le réalisateur de prendre cette fois la cape et le marteau, elle a enfin une interprétation juste et un personnage à sa hauteur, elle qui joua Black Swan et V pour Vendetta ! Je réalise par ailleurs que le méchant du film, le terrible tueur de dieux, est Christian Bale ! Son rôle est là aussi plus que génial. On prend plaisir à retrouver Tessa Thompson et les autres. La bande-son oscille entre hommages et illustrations littérales des scènes bordéliques et rock and roll.

Reste que Thor 4, joyeux bordel qui relève le défi, possède son lot de scènes ridicules bien qu’excellentes sur le plan de l’autodérision. Ainsi Russell Crowe en Zeus est franchement hilarant et en même temps pathétique avec son accent lourdingue. On est épuisés par les chèvres volantes et hurlantes, les références au métal, hard rock ou films fantasy (Led Zepplin, Enya, Guns n’Roses, seul le groupe ABBA fait bizarre dans la bande son), les arcs-en-ciel à la Mario Kart, et quelques répliques offrant une dose de surjeu que beaucoup ont détestée.

Amour et Tonnerre est donc un OVNI à part dans la filmographie des Marvel. Très délirant et impeccablement réalisé, il a ouvert les portes à quelque chose de mieux et de plus original… Malheureusement, il n’était peut-être pas adéquat pour un personnage comme Thor, ce qui fait qu’on s’approche plus de la parodie que de l’autodérision des débuts, selon les puristes. Thor n’est plus orgueilleux et bête, il est devenu un hippie prônant la paix intérieure. Métaphore triomphante du Bien sur le Mal : le film se termine avec un combat d’enfants, comme dans La Guerre des Boutons ou Sa majesté des Mouches. On regrettera qu’il n’y ait plus Loki. La fin en mode Rogue One est intéressante aussi mais le tout manque de dramaturgie pour crédibiliser les scènes dramatiques. Le ton est donc déséquilibré du début à la fin. Néanmoins, après avoir été gênée par Thor parlant à Stormbreaker son arme, comme à un chien-chien, dérangée par le discours lamentable du Zeus bedonnant et adepte de partouzes, ennuyée par les cris assourdissant des 2 chèvres, j’ai tout de même passé un moment agréable dans cet opéra rock rondement mené, célébration chatoyante de la culture populaire Marvel. On aurait presque dit qu’il n’était plus question de Thor là-dedans, mais de tout le reste. De la société, du monde, de nous, de vous, bref.

La saga terminée, gageons que personne ne pourra jamais aller aussi loin dans le méta-monde de Thor. Les scènettes de parodie du film avec le caméo de Matt Damon dans les films 3 et 4 sont des petits bijoux de comédie qu’on savoure intensément et qui démontrent à quel point Taika Waititi cherche à déconstruire le culte du super-héros en mode tragédie grecque, à l’opposé des DC Comics. Plus généralement, je regarderai de nouveau tous les Thor avec plaisir, car chacun possède son intérêt et ses enjeux intrinsèques. 

Signé Tassa.


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