Thor, chronique d’un désastre ? [Cinéma]

Thor et son père Odin comme cul et chemise

J’ai revu l’épisode 1 de Thor, film de 2011 réalisé par Kenneth Branagh, et, alors que j’avais déjà fait sa chronique il y a quelques temps, je me suis dit qu’il fallait que je la refasse. Et après avoir goûté aux délicieux jeux de mots des très sérieux critiqueurs de Sens Critiques, qui sont à se Thor-dre de rire, j’ai commencé à rédiger ma propre recension, avec cette image persistante de Loki aspiré dans les ténèbres hors d’Asgard. 

Alors, escala-Thor émotionnel ?

Y a pas à Thor-tiller du c*l, c’est un bon début 

Thor est l’un des personnages les plus cultes des créateurs de comic books. Il est probablement le plus puissant de tous les super-héros et fait partie intégrante de la genèse de ces derniers. Son histoire, remontant à la mythologie ancienne, est en vérité à l’origine de tous les autres super-héros. En effet, Thor et son marteau magique représentent l’ère du super-héros descendu sur Terre alors qu’il n’y avait rien à y faire, à l’image de Super-Man chez DC Comics. La Terre dans le film représente l’enfer, ou l’errance de Jésus dans le désert, puni par Dieu. Rapporter la mythologie viking à une parabole biblique, voilà qui est fort de café, mais c’était sans compter la ténacité du réalisateur, le très british Kenneth Branagh, dont j’ai raconté les aventures filmiques pour Le Crime de l’Orient Express et Mort sur le Nil. Chacun de ses films compte au moins une réinterprétation d’une scène biblique. Sachez-le. Ici, donc, Thor ne fait pas exception. Puisque étonnement, Thor, envoyé en exil par son papounet fâché (Odin), atterrit sur Terre, en plein désert du Nouveau Mexique. C’est pas tout à fait le Mexique, c’est encore l’Amérique… enfin approximativement. 

Le début du film est sérieusement poilant. On dit de Kenneth Branagh qu’il possède un humour « sexy ». Il arrive ainsi à faire passer un dieu norvégien pour un Don Juan. Interprété par Chris Hemsworth (impossible de prononcer correctement son nom sans zozoter), le super-héros rend hommage aux plus grands culturistes américains (non, c’est une blague, mais je me demande encore pourquoi Chris a le bras qui fait la taille d’un cyprès centenaire). À l’inverse, son frère adoptif, Loki, est tout frêle, pâle et obscur, tout droit sorti de Serpentard (humour) et aussi brun que Thor est blond. Joué par Tom Hiddleston, son personnage est devenu culte instantanément et la saga Thor n’a plus tourné qu’autour de Loki, le rejeton adoré. C’est qu’on est entré dans l’ère des méchants, ou des super-vilains.

Thor-ticolis dans un film très classique…

Dans Thor, tout va mal, je veux dire, dans l’intrigue principale. Thor est expulsé de son monde multicolore, inspiration porte des étoiles et Mario Kart Circuit Harmonie et Arc-en-ciel… jusque là tout va bien. Sauf qu’il tombe, littéralement, sur Natalie Portman, et ça faut le faire, aucun fan n’aura jamais cette chance. En tout cas, la blague est drôle. Car après avoir percuté Thor, puis lui avoir roulé dessus plus tard dans le film, Natalie (Jane) finit par comprendre que Thor n’est pas qu’un pauvre intermittent du spectacle venu au Nouveau Mexique pour une convention Marvel.

Thor apprend donc à vivre sur Terre sans son jouet préféré, Le marteau ensorcelé par Odin. Les scènes comiques s’enchaînent. On sent que le cinéaste ne va pas jusqu’au bout de son délire blaguesque, car très certainement la production était-elle derrière en train de hurler, de la même manière que le S.H.I.E.L.D. gâche tout le plaisir de la rencontre Thor + Jane, le S.H.I.E.L.D. étant cette agence fédérale gouvernementale qui surveille les agissements des super-héros et des entités extraterrestres/mutantes.

Derrière tout ce tapage doré et sexy, derrière le corps bodybuildé et les pecs’ format bordure de trottoir et bulldozers de Thor, le reste de la distribution patauge. Natalie Portman, Anthony Hopkins et Stellan Skarsgard, trois excellents acteurs, surnagent en désert trouble. Pour autant, contrairement à Thor 2, il n’y a pas de scènes pathétiques ou ridicules. C’est pourquoi je conseille ce blockbuster, car il représente les débuts d’un Marvel studios affairé à faire resurgir tout un corpus mythologique du super-héros pour s’opposer à la montée en puissance de DC Comics (The Dark Knight de Christopher Nolan en 2008 et Watchmen de Zack Snyder en 2009).

Ce film brille par son côté « je suis le petit-fils des films classiques de super-héros », puisqu’à l’inverse de DC Comics, l’humour prend le dessus des Marvel comics (Iron Man de Jon Favreau en 2008 le prouve amplement). Malgré tout, ce pastiche donne le tournis. 

Un film pas si dingue que cela 

Le long métrage fourmille de bonnes idées et de bonnes intentions. Mais à l’image du laboratoire de Jane, vidé soudainement par l’agence du SHIELD qui confisque tous ses biens liés à sa recherche, le film est vain, un peu creux, empli de vacuité intersidérale. Au milieu de tout cela, une vaste idée du regard hommasse de Kenneth Branagh sur le film de super-héros : il faut bien une bonne dose de romance un brin niais pour que Thor s’impose comme un dieu au grand cœur.

Des personnages mal exploités, il y en a pléthore. Le film ne durant que 1h54, il perd en intensité dès lors que Thor récupère son marteau. On ne sait presque rien des rôles secondaires, ce qui laisse une impression amère d’avoir bâclé le travail. Seuls Loki, l’espèce de marcheur blanc à la Game of Thrones et le gardien (gate keeper) de la porte des étoiles sont des personnages qu’on aimerait revoir. Je ne dis pas que Thor exaspère, il a réussi à me charmer avec sa petite mèche blonde et sa cape rouge virevoltante. J’aurais préféré que le film se concentre sur son problème d’adaptation sociale et culturelle sur Terre, mais on dirait que la Terre n’est ici qu’un prétexte pour servir le grand projet de Marvel Studios MCU : réunir tous les super-héros dans une alliance telle qu’on la connaît aujourd’hui (Les Avengers).

Il est bien mal Loki

Ce vaste étalage d’effets spéciaux, somme toute mieux exploré que dans le 2, ne rend pas entièrement service à Thor. Son marteau semble être en plastoc, ses amis ressemblent à des dieux romains égarés croisés avec des Hobbits mignons et gentils. Natalie Portman baragouine quelques mots sans queue ni tête, époustouflée par Le physique sans particules fines de Thor. Elle ne fait pas honneur à la figure féminine et féministe de la femme scientifique qui n’abandonne jamais.

Occupé à boire des bières, Thor ignore qu’il court après sa destinée. Au lieu de cela, son combat se résume à « j’aime trop mon frère pour le tuer ». Morale bien sûr intéressante, mais faiblarde, car les confrontations entre Thor et Loki sont toujours hostiles et sans grande valeur. Il aurait fallu s’inspirer de ce qu’a fait Game of Thrones en terme de relation frère à frère (série commencée en 2011). Par ailleurs, Thor 2 sera dirigée par un des réalisateurs récurrents de la série d’HBO. 

Un final qui fait ploc

Malheureusement, la fin est un peu trop douce. Après quelques raccourcis et convenances scénaristiques, Kenneth Branagh récupère les pots cassés. Des scènes réussies paraissent noyées par trop de pathos du côté terrestre. Natalie Portman regardant le ciel d’un air nostalgique n’est pas parvenue à m’émouvoir. 

Globalement, le film reste l’un des plus réussis des débuts de Marvel studios dans la stratégie de propagande américaine à base de super-héros. Là où Iron Man et The Dark Knight s’emparent de la question épineuse de « qu’est-ce que l’humanité et qu’est-ce que la société américaine face au monde ? », eh bien Thor ne le fait pas et échoue en quelque sorte à porter un message universel et original.

Signé Tassa


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