[J’ai revu] Un Poisson nommé Wanda

J’ai vu ce film il y a très très longtemps et j’ai décidé de le visionner à nouveau car je le voyais beaucoup cité par d’autres réalisateurs comme référence cinématographique et comme étant l’une des plus excellentes comédies. J’avais donc envie de voir si j’étais passée à côté de quelque chose dans ma jeunesse.

Synopsis : La belle Wanda, assistée de Ken le bégayeur et d’Otto son stupide amant, ont réussi un joli hold up grâce à George, dit le cerveau. Mais celui-ci, trop vite dénoncé par Wanda, moisit en prison, avec le secret de la cachette du butin. Wanda se met alors en quête de séduire Archie, un avocat coincé, pour qu’il obtienne la libération de George.

Un poisson nommé Wanda (1988)

Ce film est le dernier film réalisé par Charles Crichton à qui l’on doit des parodies comme Alien Attack pour la télévision. Il est surtout connu pour son casting de choix : John Cleese en avocat coincé avec son air pincé so british, Jamie Lee Curtis et Kevin Kline au plus fort de leur forme.

Quelques bons ingrédients

Règlement de compte entre Anglais et Américains, le film joue sur des cordes tendues entre les deux nations. Une grande partie des répliques s’appuie justement sur cette mésentente entre les deux pays, le climax venant à la fin lorsque John Cleese, l’Anglais, et Kevin Kline, l’Américain, se disputent au sujet du « fiasco » de la guerre du Vietnam. Et John Cleese n’est jamais aussi drôle que lorsqu’il prend l’accent russe en se pavanant à poil pour séduire Wanda. Le comique de situation naît de la dichotomie british/américain et le personnage que joue Kevin Kline est dépeint comme idiot, gros bras et nerveux alors que l’avocat est plutôt froid, cordial et flegmatique. Au centre de tout cela, on retrouve la figure féminine de Jamie Lee Curtis, femme fatale et cerveau des opérations ainsi que Ken, un bègue joué par Michael Palin, dont la puissance comique explose de scène en scène.

Du Monthy Python dans l’âme ?

La présence de John Cleese n’est pas sans donner des airs de Monthy Python à cette comédie délicieusement barrée. Chaque scène est réfléchie dans les moindres détails pour atteindre le paroxysme du comique. Les comédiens et comédiennes sont tous excellents dans les stéréotypes qu’ils incarnent et ne parviennent jamais à produire du ridicule, ou alors seulement dans sa forme littéral « qui est contraire au bon sens ». Rien de grotesque donc à voir John Cleese devenir fou, ou Kevin Kline dans des postures affreusement gênantes, et inversement !… Parmi les scènes devenues cultes de ce film figurent donc celles où John Cleese est nu, ce qui n’est pas rien, ou encore celle ou Kevin Kline tient John Cleese par les pieds, ou lorsqu’il avale des poissons, ou lorsque le personnage de Ken écrase un Yorkshire. Ces clowns magistraux font de ce film une pépite qui traverse le temps. Du début à la fin, le scénario est ficelé autour de rebondissements et de retournements de situation qui rendent le tout très solide. C’est John Cleese avec d’autres membres des Monthy Python qui eut l’idée de ce film et on sent les influences humoristiques chez les deux acteurs pythonesques, John Cleese et Michael Palin. 

Une femme pour les contrôler tous

Mais si John Cleese et Michael Palin sont déjà connus, tout comme Kevin Kline, c’est par Jamie Lee Curtis que le film brille. Véritable révélation du cinéma, par son charisme, sa puissance comique et sa présence à l’écran. Son personnage amène ce qu’il faut de sérieux pour que tous autour d’elles paraissent délirants. Jouant le rôle du cerveau des opérations de braquage, puis d’amante et de femme fatale et enfin de victime au tribunal, elle passe d’une persona à une autre sans, sans jamais paraître ni ridicule ni trop légère.

Une mise en scène classique

La mise en scène semble très classique pour les années 1980. On y retrouve ce qui revient sans cesse dans les soaps comiques ou les séries télévisées UK : des personnages cachés derrière les portes, (ou derrière les vitres! version Kevin Kline), des running gags, c’est-à-dire des blagues répétitives (comme les scènes avec les Yorkshires ou avec les voitures), des moments où spectateurs et personnages de fiction sont pris au dépourvu, des scènes amorales, notamment lorsque Jamie Lee Curtis drague ouvertement l’avocat, ou des scènes d’ébats amoureux complètement ubuesques, des personnages franchement stupides et désinvoltes, chacun surpassant la stupidité de l’autre à un moment ou à un autre, etc.

Un scénario à jeux de mots

Le scénario écrit par des membres de la troupe des Monthy Python est d’abord écrit à base de comiques de situation, avec une mise en scène rappelant La Vie de Brian ou Sacré Graal par certains aspects. Mais c’est aussi par les jeux de mots qui sont si nombreux qu’il faudrait rédiger un article entier pour en parler. Archie Leach, l’avocat porte un nom sans équivoque en anglais et qui rend hommage au patronyme de Cary Grant, Kevin Kline s’appelle Otto, rendant immédiatement son personnage ridicule. Les dialogues écrits au millimètre près se rapprochent du théâtre et des sketchs humoristiques des grandes heures des Monthy Python. Si le tout est très parlé, sans les mimiques et la gestuelle, le film ne serait rien, compilant tout ce qu’il y a de plus drôle dans le cinéma anglais. Et pour un film américain de la MGM, c’est fort de café ! 

Jubilatoire !

Signé Tassa


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