[J’ai vu] How to talk to girls at Parties (2017)

What is Punk ?

How to talk to girls at Parties (2017)

Synopsis : 1977 : trois jeunes anglais croisent dans une soirée des créatures aussi sublimes qu’étranges. En pleine émergence punk, ils découvriront l’amour, cette planète inconnue et tenteront de résoudre ce mystère : comment parler aux filles en soirée…

J’ai choisi de regarder ce film parce que le synopsis me branchait bien. Malheureusement, les commentaires sur Allociné et Senscritique étaient assez négatifs, parsemés de quelques analyses dithyrambiques d’enthousiastes. Alors, finalement, qu’en ai-je pensé ?

Une adaptation

C’est John Cameron Mitchell qui signe cette adaptation du roman de Neil Gaiman. Le pitch de ce récit est librement inspiré de la vie de l’écrivain, connu pour sa littérature fantastique dont plusieurs histoires ont d’ailleurs été adaptées sur grand ou petit écran (Stardust, 2007, Coraline, 2009, Good Omens, 2019 sur Amazon Prime). Toutes ces adaptations proposent une vision extraordinaire et originale du monde ainsi qu’une relecture de certains mythes et contes de fées. Le film How to talk to girls at partiess’inscrit dans le contexte des années 70, avec un regard nostalgique sur cette période culturelle foisonnante pour l’Angleterre mais contrastée économiquement.

En effet, le Royaume-Uni vit une très grosse crise politique et économique. Des grèves ont lieu dans tout le pays même si des avancées sociales ouvrent la voie à une Angleterre progressiste malgré une société déjà exsangue. Dans les milieux urbains où la désillusion est grande, entre chômage et difficultés financières, un mouvement artistique est né : le punk. C’est sur le postulat d’une adolescence bercée par le punk que Neil Gaiman a écrit un conte fantastique complètement barré.

Punk movie ?

Dès 1975, le mouvement culturel punk touche le monde de la musique permettant aux adeptes du punk d’afficher publiquement et physiquement leur haine de la politique et leur désespoir face à l’avenir. Les groupes de rock et de pop se tournent vers le punk (une sorte de blues déglingué selon Nicole Kidman dans le film). Ainsi naissent des groupes cultes tels que The Clash, the Ramones, The Saints, the Sex Pistols, suivant une philosophie nihiliste et contestataire à l’inverse de l’hédonisme du mouvement hippie venu des Etats-Unis. C’est ainsi que commence le film de John Cameron Mitchell. Qu’une histoire d’amour émerge de ce contexte est difficile à croire…

Nous sommes donc à un concert punk, tard dans la nuit, dans une atmosphère exaltée de l’Angleterre underground. En suivant les pas d’un jeune anglais insouciant mais révolté contre l’abandon de son père et la naïveté de sa mère, le réalisateur nous livre un brillant film sur l’adolescence. Chaque plan est travaillé, original, intéressant, proposant une esthétique propre, jamais vue ailleurs. Quelques plans un peu plus classiques filment les personnages à la manière d’un clip musical mais pour le reste, que cela soit les scènes dans l’underground punk, ou les scènes avec les extraterrestres, John Cameron Mitchell a fait un effort considérable pour produire un OVNI à l’image de la fable de Neil Gaiman.

OVNI musical

Si on peut parler d’OVNI c’est que le parti pris esthétique peut gêner les spectateurs. Les pratiques sexuelles, les rituels, les comportements des extraterrestres (ou des punk!) finissent par devenir crédibles par leur accumulation et leur absurdité. Ils sont d’autant plus crédibles grâce à la judicieuse mise en parallèle avec les groupes punk. Qui sont les véritables extraterrestres dans le film ? La dernière partie brouille les pistes, suggérant que tous les humains et même les extraterrestres sont des inadaptés sur Terre. Si la bande son n’est pas forcément agréable à toutes les oreilles, les chansons sélectionnées possèdent des paroles puissantes qui servent très bien le film par ailleurs classé dans le genre  « musical », ce qui m’a rappelé Sing street! de John Carney (lien : https://tassadanslesmyriades.fr/?p=242). 

Quelques scènes d’anthologie parcourent le film. On retiendra l’excellente interprétation de Nicole Kidman en productrice punk survoltée, phénoménale ! Les scènes de l’invasion des punks dans la maison extraterrestre sont très réussies avec une grande puissance comique. Le duo Elle Fanning et Alex Sharp chantant une improvisation sur scène est formidable et leur couple fonctionne très bien. Leur scène finale est particulièrement émouvante. 

Punk is not dead

La force de ce film c’est donc sa folie, son énergie débridée et son côté absurde. Il n’y a rien de très punk à la fin du long métrage mais l’anarchie et la liberté d’interprétation qui flottent tout au long du film font de ce dernier une oeuvre atypique mais exigeante, portée par des acteurs généreux et magnétiques (Ruth Wilson, Elle Fanning fascinantes !) dans des positions souvent inconfortables et dont il faut saluer le travail. Le film de John Cameron Mitchell a donc failli devenir un nanar mais pour moi, il n’en est rien, c’est une réussite. Il n’a certes rien à voir avec les chefs d’oeuvre punk tels qu’Orangemécanique de Stanley Kubrick (1971), The Rocky Horror Picture Show (1975) même si le film emprunte très certainement à ceux de Kubrick dont son 2001 l’Odyssée de l’espace(esthétique des costumes et décors extraterrestres) et au glam rock (par le côté monstrueux du film). A voir !

Signé Tassa


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