Day shift, le nouveau Vampire slashers de Netflix [cinéma]

Sorti le 12 août 2022 sur Netflix, Day Shift était forcément un film que j’hésitais à regarder, notamment parce que les têtes d’affiche (Jamie Foxx, Dave Franco et Snoop Dog) me plaisaient bien et parce que j’ai voulu savoir si on y retrouvait une forme tarantinesque du slasher movie. Force est de constater que le film n’a pas comblé toutes mes attentes d’hommages cinéphiles, mais qu’il s’agit d’un énième divertissement sur le sujet qui séduit dans sa deuxième partie. La fiche Allociné. 

Explications :


À l’origine du métrage :

Au départ cascadeur et réalisateur des équipes chargées des cascades, J.J. Perry a été formé aux Fast and Furious, le mauvais Gemini Man, La Chute de la Maison BlancheJohn Wick 1 et 2 pour lesquels il a coordonné les cascades, et d’autres Transformers, Expendables, etc. Quant à la patte tarantinesque, J.J. Perry a bien travaillé avec Quentin Tarantino, notamment dans Django Unchained, où il était chargé de la coordination des combats. C’est là qu’il rencontra le susnommé Jamie Foxx.

Du côté des scénaristes, Shay Hatten a déjà été habitué aux hommages, remakes et autres films de slashers tels qu’Army of the Dead : Lost Vegas (dont une série animée adaptée du film de Zack Snyder). Tyler Tice, co-scénariste n’a quant à lui été référencé sur l’Internet Movie Data Base que pour Day Shift. On ne peut donc pas douter de l’expertise de J.J. Perry côté réalisation. Cependant, côté scénario, l’intrigue principale perd de son souffle au bout de 30 minutes, et en reprend dans les dernières 30 minutes. Il y a donc 45 minutes de vide sidéral à base de scènes d’action lors desquelles Jamie Foxx bute du vampire sans état d’âme en pensant tout de même à sa fille.

Une intrigue trop convenue 

Si le film commençait plutôt bien avec un grain trash et californien et une couleur saturée, style assez intéressant pour qu’on s’y attarde (forcément inspiré de Quentin Tarantino ou d’autres films tels que ceux de Robert Rodriguez, From Dusk Till Dawn), ce côté saturé finit par lasser rapidement et ce, durant la toute première heure du long métrage. Les vampires ou uber-vampires (les vampires les plus vieux et les plus puissants) sont encore une fois dotés d’une stature aristocratique et élégante, comme dans Only Lovers Left Alive de Jim Jarmush (dont j’ai parlé longuement et avec amour ici). Néanmoins, l’uber-vampire est une mère (Karla Souza, impeccable et implacable), adieu les pères, adieu Dracula (celui de 1931 avec Bela Lugosi prend un coup de vieux). Day Shift, par sa pellicule ultra jaune et ultra saturée, pour reprendre l’esprit « chaleur étouffante de Californie », s’éloigne du gothique froid et horrifique de Tod Browning ou de l’érotisme de Jim Jarmush, de celui très adolescent de Catherine Hardwicke (les inévitables froideurs et noirceurs de Twilight) ou de l’érotisme très adulte et maniéré de Tony Scott (dans The Hunter avec Catherine Deneuve, David Bowie et Susan Sarandon).

L’intrigue est plutôt mal écrite et fondée sur un poncif du cinéma, puisqu’on suit un père de famille qui tente de recoller les pots cassés avec son ex femme et sa fille. Pour cela, il doit rassembler une certaine somme d’argent et se décide à reprendre du service auprès du syndicat des tueurs de vampires lors des services de jour (Day shifts) duquel il a été viré pour non respect du règlement. Sa figure de héros, père affaibli par sa situation fragile (divorcé et pauvre), et de « justicier » (incompris et rebelle), fait de lui un énième rôle à la Jamie Foxx, rôle principal du film. Trois mots clés peuvent qualifier la carrière de l’artiste : musique, rédemption, justice, connu pour ses rôles iconiques dans Django Unchained, RayLa Voie de la Justice, Que justice soit faite, White House Down, etc. On s’attendrait presque à voir Mark Wahlberg intervenir (mon billet de cinéma sur Mark Wahlberg ici).

Aux oubliettes du film de vampires …

Au début, on est bien loin du film de vampire légèrement subversif portant le message de l’altérité (par le prisme de la monstruosité) ou bien la métaphore de la condition humaine (comme dans le Dracula de 1992 par Francis Ford Coppola avec Gary Oldman et Winona Ryder).

J’ai pu constater de nombreux clins d’œil probables, telle que la petite moquerie lancée à propos de la saga Twilight dans le pickup, ou le tournant que prend le film à la fin, peut-être en clin d’œil à l’originalité de la problématique dans le MartinThe blood lover de George A. Romero, ou encore les combats au sabre, renvoyant parfois à l’adaptation de Blade avec Wesley Snipes (1998) et enfin, la mention d’une guerre entre vampires, qui m’a fait penser à Underworld avec Kate Beckinsale.

Pourtant, les hommages s’arrêtent là puisqu’on est plus proche d’un buddy movie et d’un film d’action où le gore et l’esthétisme vampiriques sont peu exploités. Les sous-intrigues (la préparation d’une guerre entre vampires, la mutation des vampires résistants au soleil, etc.) sont oubliées et n’enrichissent pas le scénario. Seule la rédemption du père auprès de sa femme et l’amitié qu’il développe avec son nouvel acolyte comptent vraiment aux yeux des deux scénaristes. Ce qui rend le film très plan-plan, jusqu’à la transformation finale de l’un des personnages.

Un énième buddy movie

C’est finalement par son casting que le film est réussi. L’apparition de Snoop Dog est intéressante en tueur de vampire de niveau expert. Habitué aux caméos, (rôles de passage pour une célébrité) il est crédité dans plus de 276 films, clips de pubs, documentaires et séries, dans son propre rôle souvent, mais aussi des petits rôles parodiques comme ici dans Day Shift, ou dramatique en tant qu’homme d’Eglise, et en voix off (La famille Addams 2), etc.

Dans ce film, l’acolyte de Jamie Foxx est Dave Franco, frère du déchu James Franco (une copie quasi conforme par ailleurs du point de vue du physique…). Il apparaît en type coincé à lunettes, employé à l’administration du syndicat des tueurs de vampire. Il était déjà connu en jeune adulte immature (Les excellents Nos pires voisins 1 et 2). Il a tout de même déjà participé à des films d’action ou comédies (Nerve en 2016, Insaisissables 1 et 2, etc.) ainsi qu’au film de vampires Friday Night, remake de 2011 (j’ai retrouvé les scènes coupées du film, bloopers ici).

Dans les buddy movies, le problème c’est qu’il y a toujours l’un des deux potes (ou non-potes) mis à son avantage, tandis que l’autre est souvent physiquement dégradé. C’est donc le cas ici, pour mesurer le déséquilibre entre les deux rôles, Dave Franco porte des lunettes, des costumes gris (à l’opposé des chemises fleuries de Jamie Foxx) et se fait pipi dessus. Pourtant, tout devient plus intéressant dans la dernière partie du film, lorsqu’un événement vient inverser la vapeur et rendre à Dave Franco la puissance comique qu’on attendait tous et toutes.

Conclusion : j’ai adoré les dernières minutes du film, et détesté toutes les minutes perdues à produire des scènes d’action sans contexte ni justification précise, ou encore les scènes familiales cul-cul qui font de ce film un être étrange bi-face, incapable de se situer dans la veine des longs métrages les plus originaux ou des pires films de vampire devenus cultes aujourd’hui malgré tout ! On dirait presque que le film aurait pu être parfait s’il avait été mieux écrit et le montage plus cohérent dans sa chronologie… Résultats des courses, Jamie Foxx, arrête de sauver ta femme et ton enfant, ça devient lassant. 

Signé Tassa, pas du tout spécialiste des films de vampire, n’ayant jamais terminé la saga Twilight (désolée).


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