Rétro 2024 : Le vieux YouTube – une décennie de créateurs et créatrices de contenu (vlogs)

Je suis inscrite sur YouTube et Instagram depuis 2010-2011. Je me suis rendu compte aussi que cela fait bien dix ans que je blogue et que je fais partie du cercle des influenceurs culturels, en quelque sorte. Ainsi j’ai entrepris un effort de rétrospective pour parler de ce que j’ai aimé ou pas. 

Capture d’écran de la chaîne de Jouelzy

Cependant, je voulais parler de quelque chose que je n’aime pas trop en ce moment, c’est la vibe ultra nostalgique *Youtube c’était mieux avant* ou *Instagram c’était mieux avant*. Objectivement, il est vrai que beaucoup de choses étaient sympathiques il y a dix ans. D’un autre côté, beaucoup d’améliorations ont été faites. 

Parmi les dérives, l’on peut noter le tournant lucratif des deux plateformes, YouTube comme Instagram. Puis le tournant publicitaire. Ce qui n’est pas pareil. D’une part, les créateurs et créatrices de contenu pouvaient enfin être rémunéré•es, d’autre part, les revenus publicitaires permettaient aussi à la plateforme de se rémunérer d’autant plus.

Et puis, il y a eu le tournant commercial et de l’influence. En dehors du fait qu’on voyait des créateurs se verser un salaire, parfois énorme, à plusieurs zéros, et tandis que les plateformes « réseaux de médias sociaux » se montraient commercialement viables, entrant même à la bourse, les influenceurs et influenceuses naissaient. Or, l’influence, ce n’est pas que de la publicité, c’est aussi du prosélytisme, du lobbying, parfois du communautarisme jusqu’au sectarisme, sans parler des dérives haineuses et du harcèlement. 

L’influence n’a donc pas grand chose à voir avec le commerce. Au départ en tout cas. 

Côté positif, YouTube s’est amélioré parce qu’il est plus clair de s’y perdre et d’y naviguer alors qu’auparavant il fallait tout de même faire confiance à un top des vidéos les plus regardées. Il est aussi plus aisé d’y développer tout un média : par les direct lives, les outils intégrés d’édition de vidéos, les outils pour l’aspect social, les formats courts, les vidéos déclassifiées, les catégories, les contreparties pour les abonné•es. En fait, sans sortir de YouTube, vous pouvez avoir une plateforme assez complète, alors qu’auparavant il fallait s’éparpiller.

Autre chose, si l’algorithme dérange beaucoup, il met quand même en avant des vidéos qui vous plaisent ou vous plairaient peut-être. Beaucoup accusent l’algorithme de mettre en avant un contenu lissé, politiquement correct et occidentalisé, bien qu’en fait si vous faites l’effort d’orienter l’algorithme sur d’autres goûts, vous aurez accès à bien d’autres cultures et points de vue, ce qui n’était pas possible avant !

Désormais, tous les chemins de YouTube mènent à Rome. Nombreux et nombreuses sont les Youtubeur•euses qui ont un métier à côté, et quelques privilégiés se retrouvent à la tête d’entreprises de divertissements de niveau international. Parmi ces gens, il y en a que j’apprécie moins, comme McFly et Carlito dont j’ai du mal à croire l’honnêteté dans le divertissement, Mr Beast aux États-Unis qui a le don de me hérisser le poil, et j’en passe. Ou bien Antastesia avec qui je ne partage pas toutes les idées bien que j’aie pourtant regardé la plupart de ses vidéos depuis onze ans.

Il y a dix ans, sur YouTube, il y avait probablement moitié moins de personnes qui publiaient des vidéos. D’où la facilité de retrouver ce qu’on aimait le plus. Aujourd’hui, tout le monde s’agace que l’univers de la vidéo change trop vite. Mais ce n’est pas faute d’avoir de bons créateurs et créatrices de contenu. C’est juste que le turn over, ainsi que l’incroyable quantité de Youtubers sur la plateforme n’ont plus grand chose à voir avec ce qu’on a connu il y a une décennie, et cela ne permet pas à tout le monde d’être vu.

Attention ⚠️ Dans cette liste, je parle surtout de Vlog ou vidéos humoristiques. 

Un vlog, contraction de « video blog » ou « video », est une forme de blog où le contenu principal est une vidéo. Les vlogueurs (personnes qui créent des vlogs) filment des vidéos sur divers sujets, comme leur vie quotidienne, des voyages, des critiques de produits, des tutoriels ou des commentaires sur des événements actuels. Les vlogs sont souvent publiés sur des plateformes comme YouTube, Vimeo ou des réseaux sociaux.

Liste des chaînes YouTube de vlogs que je regarde depuis longtemps :

Parmi celles et ceux que j’ai connus il y a longtemps maintenant, voici une petite liste de ceux et celles que je suis encore :

Chaîne de Damon Dominique

1) Damon Dominique : influenceur voyage, désormais installé à Paris, sa façon de tourner les vlogs est vraiment innovante. Je pense qu’il a eu une grande influence sur le vlogging des créateurs lgbtqia et expat’. Regardez sa chaîne ici.

2) Ruby Granger : plus jeune que moi, mais poursuivant une même envie de partager ses études et ses découvertes culturelles, j’ai adoré suivre Ruby Granger, jusqu’à Oxford aujourd’hui. Sa manière de tourner a aussi eu selon moi beaucoup d’impact sur la mode de la dark academiaVoir sa chaîne ici.

3) Leigh Ellexson : parmi les créatrices artistes, c’est peut-être celle que j’aime le plus. Sa chaîne a 7 ou 8 ans. Grâce à elle, une véritable communauté d’artistes est née, la vente en ligne des illustratrices a explosé, des groupes de discussion ainsi que le podcast de création sont apparus. Son style de vidéo coloré a probablement influencé sans le savoir le vlog artistique comme ceux de Linh Truong que j’adore par exemple.  Voir ici. 👈

Chaîne de Leigh Ellexson

4) Fran Meneses : c’est probablement l’une des premières artistes sur YouTube. Son influence est assez énorme. D’abord appelée Frannerd, expatriée à Brooklyn, elle a réussi à créer une communauté autour d’elle qui gravite sur d’autres plateformes, telles que plus de 10 000 abonnements sur Patreon lissés sur plus de cinq ans. Sa chaîne existe depuis onze ans. Elle a créé le vlog silencieux occidental et a amplifié la mode des vidéos « draw with me ». Sa chaîne est ici 👈.

5) Minnie Small : dans la même discipline, Minnie Small s’est installée sur YouTube il y a neuf ans. Beaucoup plus bavarde, elle a présenté ses astuces et conseils d’artistes. Elle a aussi proposé des vidéos silencieuses dans le genre speed drawing. On peut la suivre dans sa vie d’artiste à son atelier. Aller sur sa chaîne ici 👈.

6) Natoo : Je suis Nathalie Odzierejko depuis treize ans déjà. Sa créativité a toujours excellé et dépassé celle des mecs de la même trempe humoristique qu’elle. Entourée d’une fine équipe qui l’a toujours bien conseillée, elle est passée de l’humour à la réalisation de clips, de vidéos plus qualitatives et aujourd’hui se diversifie et a même ouvert une chaîne Twitch en bénéficiant d’une popularité rajeunie avec son passage à Danse avec les stars d’internet. C’est pour moi l’une des meilleures podcasteuses au monde. Elle a probablement influencé des créatrices comme Fannyfique, entre autres. Je n’ai d’ailleurs pas mentionné la chaîne de Fannyfique dans ce top car elle est désormais sur Twitch et plutôt en mode « shorts » ou « reels  ». Mais je l’adore aussi. Sa chaîne YouTube a 12 ans. Elles ont surfé toutes les deux sur une phase « girly » humoristique, et sur un style rétro tant dans le style que dans les sujets abordés. Sa chaîne est ici.

7) Squeezie : C’est vrai que Squeezie (Lucas Hauchard) ne peut pas plaire à tout le monde et pourtant il a 19 millions d’abonnés et une moyenne de spectateurs d’environ 3 à 6 millions par vidéo. Il y a quelques années je le détestais, parce que les vidéos gaming sur Call of Duty me dégoûtaient. Accusé longtemps de plagiat du plus gros youtubeur gamingaméricain PewDiePie, il le dépasse carrément en terme de vues quotidiennes. Aujourd’hui, je ne peux pas me passer de ses replays de jeux vidéo ou bien de ses émissions très proches d’un modèle télévisuel qu’il a su renouveler en y apportant une touche un poil plus libre et moins lisse qu’à la tv et des invités plus diversifiés. Sa chaîne est ici.

8) Marie – Vlog (Enjoy Phoenix) : c’est parce que culturellement sur YouTube, c’est comme si elle avait toujours été là. Installée dans le paysage de l’influence beauté parmi les premières, ses vidéos affichaient parfois plus de quatorze millions de vues pour du maquillage. Aujourd’hui, ayant grandi et réfléchi à une carrière différente, son influence est devenue celle de beaucoup d’autres créatrices et créateurs souhaitent poursuivre une voie plus éthique. Ses vlogs dépeignant sa vie quotidienne sont addictifs parce qu’ils sont simples et qu’elle fait croire que sa vie est un peu comme la nôtre finalement, tout en ayant une énorme maison. Même si sa chaîne principale ne m’intéresse pas du tout, J’adore suivre ses aventures en Belgique. Assez peu de jeunes influenceuses osent dire qu’elles en sont l’héritière directe. C’est dommage de ne pas lui reconnaître cette aura – là. Sa chaîne est là.

9) Sandrea : comme Marie EnjoyPhoenix, Sandrea est là depuis bientôt quatorze années. Youtubeuse beauté au départ, elle est devenue comme Marie Lopez, influenceuse art de vivre ou lifestyle. Sa vie a réussi à intéresser des spectatrices parce qu’elle est rapidement partie vivre avec son ex mari aux États-Unis. Aujourd’hui, c’est donc toujours sa vie d’ex-pat avec sa fille qui fait palpiter celles et ceux qui la regardent. Attachée elle aussi à corriger son image, Sandrea a opéré un virement dans sa manière de tourner des vlogs, comme Marie Lopez. J’avoue être accro à ses vidéos. Sa chaine est ici. 👈 

Et je vous invite à suivre la chaîne de son frérot Le Radis Irradié ! Il debunke (dénonce) depuis huit ans les influenceurs comme pas deux ! Lequel a eu plus d’influence sur l’autre ? Vraie question ! C’est par ici.

10) Solange te parle : une de mes chaînes préférées, Solange existe depuis presque treize années déjà. Ses drôles de capsules vidéos sont scriptées au millimètre près. Entre OVNI de YouTube et œuvres d’art, Solange promet des minutes de poésie avec une voix agréable à écouter. Vidéaste créative, elle a permis d’influencer d’autres créateurs et créatrices notamment dans le podcast. Sa chaîne ne serait pas passée correctement à la télé mais YouTube était la plateforme parfaite pour ce format étrange. Sa chaîne est ici 👈. 

11) Joueur du Grenier : encore plus lointain, quatorze ans auparavant et quelques trois millions d’abonnés plus tard, le Joueur du Grenier, aka Frédéric Molas, révolutionne la vidéo gaming, faisant passer le genre de la catégorie « bourrin » à « geek intellectuel ». En choisissant d’aborder l’histoire du jeu vidéo tout en ajoutant des éléments nostalgiques et des critiques du gameplay, Le Joueur du Grenier est tout simplement devenu culte et cumule un nombre de vues à faire pâlir ses concurrents professionnels tels que JeuxVideo.com entre autres. Influenceur de la vague « rétro », on lui doit pas mal dans ces séries de rétrospectives. La chaîne est ici 👈.

12) Kevin Tran ex- Le Rire Jaune : premier podcasteur humoriste asiatique francophone, il a explosé en terme de visibilité il y a dix ans. Aujourd’hui, il s’est étendu avec une chaîne en chinois et en anglais, et a publié plusieurs tomes d’un manga. Il a repris ses sketchs en rachetant sa chaîne qui lui appartient désormais après une longue pause dans le YouTube francophone. Sa chaîne est là.

13) Coline ex-EPPC : Coline partage désormais tous ses favoris et ça c’est chouette. Auparavant youtubeuse beauté, elle a continué en parlant d’autres sujets plus lifestyle. C’est sa façon de parler à la caméra qui a marqué le public. Cette manière libre de parler vraiment comme à une pote a été copiée par la majorité des influenceuses. Son nombre d’abonné•es reste étonnamment constant parce qu’elle n’a jamais cherché à se vendre plus que cela, étant d’ailleurs l’une des premières à parler de burn out lié aux réseaux sociaux. Sa chaîne est ici 👈.

14) Margaud Liseuse : influenceuse du livre, elle-même libraire de profession, Margaud nous partage ses lectures depuis treize ans et de Suisse ! Ses vidéos ont influencé toutes les youtubeurs et youtubeuses livresques (booktube) francophones sur un modèle unique qui est fondé sur de longues vidéos de discussions et des vidéos de déballage de livres (achats ou cadeaux reçus). Ses « tags », c’est à dire listes ou défis de lectures thématiques ont aussi été constitutifs de ce qu’est devenue l’influence du livre en francophonie. Sa chaîne est là.

15) Canoopsy : un influenceur tech qui reste un modèle pour un paquet d’autres nouvellement arrivés sur la plateforme. En proposant un contenu orienté graphisme, design, marketing et rétrospective de marques, il a pu aussi ajouter sa formation dans le chaudron magique des ingrédients qui font qu’une chaîne fonctionne. Ainsi son montage de vidéo est particulier. Entre vlogs et clips cinématographiques, il propose des analyses tech intéressantes et a quasiment inventé le style « A day in the Life » mais pour la tech. Depuis 11 ans, il ne s’est pas laissé avoir par le tournant commercial de la chaîne et est resté fidèle à son image. Il stagne d’ailleurs à un nombre d’abonnés inférieur à tous les autres influenceurs tech et n’apparaît jamais dans les recherches. Sa chaîne est ici. 👈

16) Jouelzy : Elle est clairement une influenceuse Lifestyle. À l’époque, elle parlait de ses lectures, de son opinion sur divers sujets. Aujourd’hui, sa ligne éditoriale est assumée, et elle met en avant du contenu sur la culture afro américaine tout en soulignant le racisme inhérent à notre société actuelle. Ses analyses sont donc souvent assez justes. Cela reste par conséquent une rareté sur YouTube depuis onze ans. Sa chaîne est par là.

Finalement, le point commun à toutes ces chaînes, c’est qu’elles ont su se perpétuer, se renouveler, et ont parfois donné naissance à d’autres chaînes. Aucune n’est restée engoncée dans une formule étriquée. Toutes ont subi les effets néfastes du tournant publicitaire puis du tournant de l’influence. Toutes ont essayé de rebondir à travers de nouvelles propositions et quelquefois sur d’autres plateformes. 

La suite petit à petit ! Et vous, quelles ont été vos influences ?


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